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Dire d'une peinture de Claire Colin-Collin qu'elle est abstraite, comme si cette vue de l'esprit pouvait encore avoir un sens aujourd'hui, est une erreur rétinienne.
Méfions-nous des formes...
Un fond mat se pose dans un rectangle qui s'amuse au carré ou inversement.
Une belle toile de coton blanche et épaisse enduite de gesso... Puis s'opère quelque chose que j'ignore, ça pourrait s'appeler le travail de l'artiste, la cuisine du peintre, la magie de la création. Quelque chose qui ne me regarde pas.
Mais lorsque les tableaux sont accrochés au mur de l'exposition, ce qui semblait ne pas me regarder s'ouvre peu à peu, se dévoile et se montre : la peau, lisse, la chair, fine. Oui, c'est une peinture sensuelle.  Et elle se donne à voir telle qu'elle est sans aucun artifice.
Car en observant de plus prés, c'est tout le travail en atelier qui remonte à la surface du tableau. Le fond dévoile les passages répétés de la brosse plate et en surface, d'un geste au gros pinceau plein d'envie se dessine une forme, peut être un signe. Pour moi il est clair que ce qui s'opère devant mes yeux n'a rien d'abstrait, tout au contraire, cette peinture se vit et se voit telle qu'elle est apparue à la peintre pendant son travail. Tout est transparent et tout devient lisible, la peinture est là. C'est de cette apparente simplicité que vient le trouble : la peinture est nue et elle nous regarde.

 

Gilles Élie, 2016

gilleselie.com